La prothèse de genou connaît un essor considérable pour le traitement de l’arthrose invalidante, notamment en raison du vieillissement de la population. Les résultats fonctionnels ont été incontestablement améliorés grâce à des techniques chirurgicales plus fiables, à une meilleure gestion de la douleur postopératoire et à l’instauration d’une rééducation précoce. La durée de vie d’une prothèse de genou est également en progression avec aujourd’hui un taux de reprise chirurgicale à 10 ans inférieur à 5%. Cependant, malgré ces succès, environ 20 % des patients se disent insatisfaits après prothèse totale du genou, soit en raison de la persistance de douleurs, soit en raison d’une impression d’instabilité, d’une tendance aux épanchements, et/ou d’un genou à mobilité réduite, donc globalement d’une fonction qui ne correspond pas à leurs attentes. La gêne résiduelle est souvent ressentie lors des activités quotidiennes comme la montée ou descente des escaliers, l’installation en voiture, le lever du lit, ou encore l’accroupissement.
Au final, le meilleur gage de satisfaction postopératoire de prothèse de genou, c’est l’adéquation des attentes, évaluées lors de la consultation préopératoire, avec un niveau de performance réaliste.
L’interrogatoire du patient permet de préciser les modalités d’apparition de la douleur. Est-elle apparue à la suite de l’intervention ou bien persiste-t-elle inchangée depuis l’intervention ? Y a-t-il eu un intervalle libre de douleur ? Dans quelles circonstances ces douleurs apparaissent-elles ? Quelles sont leurs localisations exactes au niveau du genou ? Un épisode remarquable serait-il survenu à la suite de l’intervention (par exemple chute, hématome, problème de cicatrisation de la peau, etc.) ? Y a-t-il d’autres symptômes associés (instabilité/faiblesse, raideur, épanchement) ?
La démarche de diagnostic débute en éliminant les causes de douleur extra-articulaires : vasculaires (phlébite, insuffisance artérielle), neurologiques (sciatique ou cruralgie, névrome d’une branche superficielle cutanée), douleurs projetées d’une arthrose de hanche sus-jacente. Une douleur identique avant et après implantation d’une prothèse de genou peut évoquer une erreur d’indication initiale.
Les douleurs après prothèse de genou peuvent en outre être influencées, ou même provoquées, par des facteurs psychologiques tels qu’anxiété, dépression ou attentes exagérées du patient.
L’examen clinique se poursuit par une analyse de la marche, de la mobilité et de la stabilité du genou, l’appréciation de l’axe du membre inférieur, de la course rotulienne, l’examen de la cicatrice, le testing musculaire, neurologique et vasculaire. Les articulations de proximité (hanche, cheville, colonne lombaire) sont aussi testées.
Les causes de douleurs en rapport avec la prothèse de genou peuvent être variées :
Quelle que soit la situation, il faut persévérer dans l’analyse, et trouver la cause au moyen d’un examen clinique complet et d’explorations exhaustives. La lecture du compte-rendu opératoire initial est essentielle pour diagnostiquer les causes reliées à la technique opératoire ou au matériel implanté.
Dans le bilan standard, les radiographies sont incontournables (idéalement en comparant les clichés successifs depuis la période postopératoire immédiate), de même qu’un bilan sanguin (marqueurs de l’inflammation). La scintigraphie osseuse est souvent un outil d’analyse pertinent, évaluant le remodelage osseux au contact des implants. La ponction articulaire (au bloc opératoire) est réalisée si une suspicion d’infection est réelle. Enfin si l’on suspecte un défaut de positionnement des implants, un conflit, ou encore une anomalie musculaire, il peut être prescrit un scanner ou une échographie. Le caractère métallique des implants limite souvent l’utilisation de l’IRM.
Le traitement est adapté à la cause retrouvée
Le traitement est adapté à la cause retrouvée