Raideur de l’épaule
La raideur de l’épaule est une pathologie très fréquente en consultation.
La raideur post-opératoire, modèle expérimental de la raideur, nous a fait mettre en avant la récupération progressive et complète des amplitudes, avec les étirements personnels et la rééducation en piscine.
Nous avons appliqué le même protocole à l’épaule raide non opérée, en insistant sur les étirements personnels.
Nous avons ajouté une normalisation de la mesure des amplitudes passives et l’infiltration sous-acromio-claviculaire sous contrôle scopique télévisé.
La raideur de l’épaule est une pathologie à part entière
On voit une raideur de l’épaule :
• après une intervention,
• après un traumatisme (choc, chute, luxation, fracture),
• dans les pathologies de la coiffe des rotateurs (tendinite, calcification, rupture tendineuse),
• dans l’arthrose et dans les arthrites inflammatoires,
• en cas de capsulite rétractile pure.
La raideur perturbe toujours le fonctionnement articulaire.
Dans la capsulite rétractile pure, la raideur crée par elle-même l’impotence douloureuse. Dans tous les autres cas, la raideur associée aggrave l’impotence douloureuse initiale.
Le modèle expérimental est la raideur post-opératoire.
L’examen normalisé de l’épaule en élévation-rotation externe
La douleur d’activité correspond à une inflammation. Elle doit être évitée, par l’adaptation de bon sens des activités de la vie quotidienne du patient : « on s’arrête quand ça fait mal ».
La douleur d’étirement correspond à une progression en amplitude. Acceptée pendant l’étirement : « on s’arrête quand ça ne va pas plus loin », elle ne doit pas s’aggraver après.
En rééducation : le patient connaît le seuil douloureux, il s’étire mais ne doit pas être étiré. (“Passive stretching by the physiotherapist is avoided“. C.NEER 1975 )
C’est fondamental après une intervention.
Attention ! Raideur et rupture de coiffe
Une rupture de coiffe peut rester souple, ou s’enraidir.
La raideur associée majore les douleurs tendineuses. Traiter la raideur, c’est préparer l’environnement du tendon. Une fois assouplie, l’épaule est dans les meilleures conditions
• pour être opérée : on peut programmer, différer, et parfois même éviter l’opération.
• pour être rééduquée après l’intervention : « souple avant », l’épaule risque moins d’être « raide après », sachant que les suites sont de 3 à 6 mois.
C’est important d’optimiser ces suites déjà longues.
La raideur en consultation
Après la mesure des amplitudes des 2 épaules, on fait un examen régional complet, articulaire et neuro-musculaire.
• Colonne cervico-dorsale : mobilités réduites et/ou douloureuses, points douloureux cervicaux, contractures douloureuses du trapèze, de l’angulaire et des muscles para-vertébraux, irradiation douloureuse au bras et à la main (NCB).
• Moignon de l’épaule : douleur acromio-claviculaire, déficit du deltoïde, amyotrophie au niveau des fosses de l’omoplate.
• Main : recherche d’un syndrome épaule-main, avec doigts enflés +/- enraidis, nodosités dans le derme, Dupuytren associé.
On fait le point sur les douleurs, les activités et les traitements déjà suivis (infiltrations, médicaments et rééducation).
• Activités : la restriction d’activité et l’arrêt de travail ne s’imposent que si les douleurs sont aggravées par l’activité.
• Médicaments : on privilégie l’antalgie de niveau 1 (paracétamol à la demande). C’est l’assouplissement qui sera antalgique.
• Rééducation : on présente le protocole, en insistant sur les étirements personnels pluri-quotidiens, indispensables pour une prise en charge du patient par lui-même. La piscine chaude a pour objectif de faire passer un cap douloureux difficile.
Si raideur et douleur persistent, on propose une infiltration, pour rendre les étirements moins douloureux. Inspirée du test de NEER (dessin), faite sous scopie télévisée, avec 10 à 15 ml en sous-acromio-claviculaire, c’est une technique de bloc sensitif du nerf supra-scapulaire. L’effet immédiat de la Xylocaïne® sur la douleur à l’étirement est apprécié quelques minutes plus tard, ce qui motive « en direct » le patient à s’étirer mieux et plus souvent. Le résultat du Diprostène® est jugé 1 mois plus tard, quand il n’y a plus de produit actif local.