Il n’existe à ce jour aucun moyen efficace capable de remettre la surface de frottement entre la tête du fémur et le bassin en l’état et d’éviter les frottements douloureux. S’il existe effectivement une arthrose évoluée, typique sur le plan clinique et radiologique, en cas d’échec des mesures médicales, seule la prothèse de hanche peut permettre d’améliorer sensiblement la fonction de hanche. Il n’y a en revanche que rarement d’urgence, car le processus pathologique d’arthrose de hanche est souvent long (sur plusieurs mois ou années).
Lorsque le cartilage de l’articulation est très abîmé, chaque mouvement de la hanche devient difficile et provoque des douleurs et des raideurs qui limitent les déplacements. L’intervention chirurgicale de pose de prothèse de hanche est envisagée devant une gêne et surtout une douleur importante retentissant progressivement sur la marche, réveillant parfois la nuit, et que les traitements ne suffisent plus à calmer. Le critère d’âge n’est pas le principal dans la décision. C’est le handicap qui guide le moment de l’intervention. Trop tôt, c’est prendre le risque d’une intervention pour un bénéfice faible. Trop tard, c’est s’exposer à une fonte musculaire et une imprégnation hyperalgique forte, gênant la récupération fonctionnelle post opératoire.
Consultation avec le chirurgien :
Après vous avoir interrogé sur votre histoire personnelle, le chirurgien pratique un examen physique et détermine l’avancement de l’arthrose de la hanche sur les radios. Il vous explique ensuite votre pathologie et propose une intervention chirurgicale pour la pose de la prothèse de hanche. Les avantages, les risques et les suites opératoires vous sont présentés ; enfin votre consentement est demandé.
Consultation avec l’anesthésiste :
Elle est obligatoire et aura lieu dans le mois qui précède la chirurgie. Venez à cette consultation avec votre questionnaire d’anesthésie rempli, vos ordonnances habituelles, vos résultats sanguins (bilan prescrit par le chirurgien), votre certificat dentaire et votre compte-rendu cardiologique.
Les objectifs de la consultation d’anesthésie sont multiples avant la mise en place d’une prothèse de la hanche :
La consultation d’anesthésie est aussi un moment d’échange entre le patient et le médecin pour informer et rassurer sur d’éventuelles craintes ou angoisses. Votre consentement est demandé.
Préparation à la chirurgie :
Consultation avec l’infirmière de Réhabilitation Améliorée Après Chirurgie (RAAC) :
Si vous le souhaitez, cette infirmière retrace avec vous votre parcours de soin afin que vous puissiez vous préparer au mieux à l’intervention et anticiper la période post-opératoire en cas de retour à domicile. Vous pouvez lui faire part de vos questions et/ou de vos éventuelles appréhensions sur l’arthrose / la prothèse de la hanche.
À votre arrivée au bloc, l’équipe se présente et vous installe en salle de pré-anesthésie. Les vérifications (identité, côté droit/gauche, intervention, chirurgie) sont faites par les membres de l’équipe. Une perfusion est posée au bras et l’antibiotique administré. Un brassard à tension et des électrodes sont posés sur vous pour une surveillance continue. L’anesthésiste débute souvent par la pose d’un masque à oxygène.
L’opération de mise en place d’une prothèse de la hanche dure entre 45 min et 1h30. L’intervention est réalisée dans un secteur du bloc opératoire spécifique avec niveau d’asepsie maximum. Quelque que soit la voie d’abord choisie, l’intervention est effectuée de façon à minimiser le traumatisme des muscles et favoriser un retour à la marche rapide.
Après préparation cutanée finale et mise en place des champs stériles le chirurgien incise la peau. L’articulation est exposée, la tête du fémur est extraite, le cartilage du cotyle usé est régularisé, les débris sont évacués, et la prothèse de hanche est mise en place, fixée par impaction directe. Elle remplace « taille pour taille » les zones d’os et de cartilage extraites, ainsi la prothèse de hanche est adaptée aux dimensions de votre hanche.
À la fin de l’intervention, l’articulation est abondamment lavée puis refermée, parfois un drain est mis en place. La suture de la peau est résorbable, sauf cas particuliers. Un pansement absorbant est appliqué stérilement.
Pour la suite opératoire d’une pose de prothèse de la hanche, une surveillance de deux heures s’effectue en salle de réveil, puis dans votre chambre. Votre douleur est contrôlée et les traitements ajustés. Le kiné procède à votre premier lever le jour même (sauf si l’intervention se déroule en milieu d’après-midi, auquel cas, ce sera le lendemain).
La durée d’hospitalisation est variable d’une personne à l’autre. Elle peut être réduite chez les patients jeunes ou en forme. Mais tout dépend de votre état et de votre récupération, alors quand vous vous sentirez prêt à rentrer chez vous, dites-le-nous.
Le risque de luxation est rare mais il faut rester prudent les deux premiers mois après l’intervention de pose de prothèse de hanche, notamment en évitant certains mouvements.
En bref, les premiers jours avec votre prothèse de hanche :
Toutes les précautions sont prises pour le bon déroulement de l’intervention qui est le plus souvent bien tolérée. Toutefois, comme toute intervention chirurgicale, la pose d’une prothèse de la hanche peut néanmoins comporter des risques. Une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à des caractéristiques individuelles propres ou à une variabilité technique.
Surviennent parfois …
La phlébite peut survenir en dépit du traitement anticoagulant. Il s’agit d’un caillot qui se forme dans les veines des jambes. Ce caillot peut parfois migrer et entraîner une embolie pulmonaire.
Comme après toute chirurgie, il peut survenir un hématome qui se résorbe en règle générale spontanément en plusieurs jours. Il ne nécessite qu’exceptionnellement un drainage chirurgical.
La luxation ( « déboîtement ») peut se produire en cas de mouvements inadéquats (décrits plus loin), surtout lors des deux premiers mois après l’opération de pose de prothèse de hanche, alors que la capsule articulaire n’est pas encore cicatrisée et que le tonus musculaire est faible.
Surviennent plus rarement …
L’infection est une complication rare mais potentiellement sévère, car elle conduit parfois à une autre intervention. Elle peut survenir même très longtemps après la chirurgie et peut provenir d’une infection à distance de la hanche, comme une infection dentaire ou urinaire. Il faudra donc surveiller attentivement, traiter les infections toute votre vie et prendre soin de votre peau en évitant toute plaie qui constituerait une porte d’entrée pour les bactéries. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.
Un allongement du membre inférieur opéré est parfois constaté. Il ne dépasse que très exceptionnellement quelques millimètres, ce qui ne porte alors aucune conséquence clinique.
Votre chirurgien met tout en œuvre pour prévenir toute complication. Il est également présent pour les prendre en charge si l’une d’entre elles survenait néanmoins à la suite de l’opération de la prothèse de la hanche.
Le passage dans un centre de rééducation n’est pas obligatoire. Le centre de rééducation facilite parfois la prise en charge médicale (pour les patients les plus fragiles), permet éventuellement une prise en charge kinésithérapique régulière et offre surtout une aide logistique.
Un centre doit être prévu pour la période post-opératoire dans trois situations :
Dans ce cas, la demande de sortie en centre de soins de suite et de réadaptation (SSR) est effectuée par le secrétariat du chirurgien dès la consultation préopératoire. La demande est adressée à deux ou trois centres. La durée moyenne de séjour en centre est variable, entre deux et quatre semaines en général.
Dans les autres cas, un retour à domicile est à privilégier, car la reprise de la vie quotidienne facilite la récupération fonctionnelle et évite les inconvénients d’une hospitalisation prolongée.
Les meilleurs résultats sont obtenus trois mois après l’intervention. L’amélioration peut se poursuivre pendant la première année post-opératoire. Le résultat final attendu est une marche sans boiterie indolore, et la reprise des activités quotidiennes et physiques habituelles.
En voiture avec une prothèse de la hanche
Pour conduire en toute sécurité, il faut pouvoir freiner en urgence. Si l’on a été opéré de la hanche droite, il faut attendre d’avoir récupéré une mobilité de l’articulation suffisante avant de prendre le volant. C’est en général possible après trois à quatre semaines. Si l’implant est posé sur la hanche gauche, il suffit de pouvoir débrayer – ou de posséder un véhicule automatique – pour pouvoir conduire immédiatement.
Faire du sport avec une prothèse de la hanche
Les sports les moins à risque, comme le vélo, la randonnée ou la natation peuvent être pratiqués sans problème, progressivement à partir d’un mois. Quant à la planche à voile, le golf ou le ski, ils peuvent être repris par ceux qui en ont déjà une bonne expérience à partir du troisième mois. Toutes les activités sportives qui impliquent des mouvements extrêmes ou impacts répétés, comme le football et le karaté, ou encore la course à pied, sont à reprendre très progressivement, en « écoutant » ses éventuels symptômes.
Travailler avec une prothèse de la hanche
Selon l’activité professionnelle que l’on pratique (sédentaire de bureau, jusqu’à physique lourd), on pourra reprendre le travail entre trois semaines et trois mois après l’opération.
Chez le dentiste
Soyez vigilant ! Il faut effectuer une consultation dentaire tous les ans afin d’éviter les problèmes infectieux greffés à la prothèse. De même, toute infection (urinaire, cutanée) devra être traitée rapidement. Informez chaque médecin de l’existence de votre prothèse de la hanche.
Voyager en avion avec une prothèse de la hanche
Lors des contrôles de sécurité dans les aéroports, votre prothèse de la hanche peut activer les détecteurs de métaux. Un certificat attestant le port de prothèse à la hanche pourra vous être remis.
En couple
On peut avoir une vie intime normale avec une prothèse à la hanche, à condition d’éviter les positions acrobatiques.
Selon une étude récente (*), 20 ans après la pose de la prothèse de hanche, environ 3/4 des patients vont bien avec leur prothèse en place. De nombreux facteurs déterminent la durée de vie de la prothèse de hanche : âge à la pose et activité du patient, pratique de sports qui sollicitent fortement l’articulation (activités à impacts, selon rythme et intensité), un éventuel surpoids… C’est souvent la fixation de la prothèse à l’os qui est rompue et recrée progressivement de la douleur à long terme. Un changement de prothèse de hanche est alors possible, selon l’intensité de la gêne et l’état général du patient (évaluation du rapport bénéfice/risque).
* How long does a hip replacement last? A systematic review and meta-analysis of case series and national registry reports with more than 15 years of follow-up – The Lancet